mardi 3 juillet 2012

La Voie Terrestre - Robert Reed

Science Fiction
Curieux roman que celui-ci. Il utilise un thème maintes fois exploité : les univers parallèles. Sauf qu'ici, il est exploité d'une façon que je ne me rappelle pas avoir déjà rencontrée. Les univers en question sont un ensemble de plusieurs Terres (sans doute des millions !) qui sont comme autant de perles, à la fois semblables et tellement différentes, enfilées sur le même fil virtuel. Cette disposition intelligemment conçue par l'auteur oblige ceux qui souhaitent passer d'une Terre à l'autre à le faire d'une façon séquentielle, ordonnée. Pas question d'aller de la Terre A à la Terre C sans passer par la Terre B. Chacune est comme une gare et le mode de transport de l'une à l'autre comme une voie ferrée. Pas de raccourci possible.
Chaque univers à comme point commun l'aspect astronomique et géographique. En gros, les galaxies sont les mêmes, on y retrouve le même soleil. Les Terres sont très semblables, elles ont toutes la même lune, etc. Non, ce qui change de l'un à l'autre de ces univers c'est la population. Certaines Terres sont désertes ou à peine peuplées. Les autres sont habitées par des populations à des stades très divers de l'évolution. Des populations physiquement différentes mais également intellectuellement. Un million de planètes, ce sont plusieurs millions de cultures, de façons de penser.
Les seuls humains à pouvoir parcourir la Clarté (c'est le nom que l'on donne à cette voie qui relie les différentes Terres) sont les Vagabonds. Les premiers d'entre eux sont les Fondateurs, qui ont découvert la Clarté (mais n'en sont pas les créateurs) et qui recrutent de nouveaux Vagabonds parmi les volontaires des différents univers explorés.
Nous suivons dans ce roman le personnage de Jy, Fondatrice d'un million d'années (il faut bien ça pour visiter tous les mondes), qui est en quelque sorte la patronne, en tout cas l'instigatrice de ces voyages d'une Terre à l'autre qui ont pour seul but de faire bénéficier aux peuples rencontrés, dans la mesure ou cela ne perturbe pas leur propre développement, de certaines évolutions technologiques, scientifiques ou autres. Car le peuple de Jy est à un stade très avancé de l'évolution (déjà dans la jeunesse de Jy). On rencontrera également quelques uns de ses collaborateurs d'origines diverses ainsi que quelques spécimens de nos semblables (parce qu'il fallait bien que les Vagabonds arrivent chez nous !)
L'un de ces terriens bien de chez nous se fait passer pour un Vagabond qu'il n'est pas (dès qu'il y a un escroc dans l'univers, il vient de chez nous). Ça marche plutôt bien pour lui mais pas sûr qu'au final se soit une bonne idée, surtout quand sa copine lui demande de rencontrer Jy.
Un roman qui, s'il est original sur le fond, en tout cas en recyclant intelligemment un vieux thème, reste assez classique sur la forme. On suit chaque personnage indépendamment tout en se doutant que, même s'ils n'ont rien à voir les uns avec les autres, ils vont se retrouver tous ensembles. Et ça ne manque pas. Deux d'entre eux sont cependant assez énigmatiques pour nous donner envie d'aller jusqu'au bout.
D'autant que le roman se lit bien même si quelques passages sur certains personnages sont peut-être moins intéressants. Les thèmes abordés ne manquent pas non plus d'intérêt. Quand les Vagabonds prennent contact avec des civilisations qui se sont parfaitement passé d'eux jusqu'alors ne risquent-ils pas de les dénaturer ? Même s'ils sont animés des meilleures volontés du monde ? Même sans songer à les coloniser puisqu'ils ne font que passer ?
Même si Jy et ses Vagabonds sont par essence des êtres pacifiques, sans même aucune connaissance en matière de guerre ou de combat, ne prennent-ils pas le risque d'être perçus, par les populations qu'ils visitent, comme des envahisseurs ? Et que se passe-t-il lorsque ces explorateurs d'un nouveau genre découvrent des populations 100% guerrières ?
Ces questions et beaucoup d'autres vont être posées tout le long du roman. Un roman plaisant à lire et qui offre son lot d'originalité.
À noter que ce roman m'a fortement fait penser aux ouvrages de Robert Charles Wilson. Nul doute que ce dernier aurait pu écrire ce livre. Avis aux fans de l'auteur de Spin.

4 commentaires:

  1. Je l'ai repéré il y a peu de temps sur noosfere celui-là. Les critiques sont plutôt très bonnes, et la tienne, en plus d'être limpide dans l'explication de l'intrigue, en rajoute une couche.
    Et comme je ne connais pas Robert Reed, ça me semble être une bonne approche de l'auteur.

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    1. Merci du compliment. Je ne connaissais pas Robert Reed non plus. Je lis un peu ce qui me tombe sous la main en ce moment. Cela ne me réussit pas trop mal.

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  2. Ca peut m'intéresser tiens... en fan de Wilson :-D

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  3. Bonjour,
    Etant moi aussi assez fan de Wilson, ce roman m'interpelle car il imagine ce qu'aurait pu être notre civilisation... C'est différent d'inventer des civilisations qui se développeraient ailleurs dans la galaxie.
    Les thèmes abordés sont intéressants. Apporter des technologies "pour aider" sans qu'on nous ait sollicité peut effectivement être perçu comme de l'intrusion... Je pense que ça dépend de la façon dont c'est fait.
    Mais je changerai peut-être de discours après avoir lu le livre ;-)
    Merci pour cet avis,
    Jérémie

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