jeudi 20 octobre 2016

L'oreille interne - Robert Silverberg

Résumé :
David Selig, Juif new-yorkais d'une quarantaine d'années, se considère comme un raté. Il est pourtant télépathe et pourrait profiter de ce don pour faire fortune, conquérir - et garder ! - les plus belles femmes... Mais non, rien à faire, il estime être un monstre tout juste bon à faire le nègre sur des devoirs d'étudiants, incapable de réussir sa vie. La dernière preuve en date : ce talent qu'il déteste tant, mais qui est finalement son seul lien avec le reste de l'humanité, est en train de le quitter ! Apeuré à l'idée de se retrouver seul avec lui même, Selig nous conte sa misérable existence. Grand roman psychologique, plein d'humour et de mélancolie, L'oreille interne est peut-être le plus beau livre de Robert Silverberg et à coup sûr un chef-d'œuvre de la science-fiction.

J'avoue avoir été tout d'abord particulièrement dérouté par ce roman. Parce que bon, on me le vend comme étant un roman de science-fiction, n'est-ce pas ? Or, en dehors du don particulier de David Selig, capable de lire les pensées de ceux qui l'entourent, l'appartenance de l'ouvrage au genre n'est pas tout ce qu'il y a de plus évidente. Imaginons que Selig n'ait pas eu de pouvoir mais, soit une qualité encombrante, soit un défaut handicapant, l'histoire racontée aurait pu être la même. À quelque chose près.
Et qu'elle est-elle cette histoire, d'ailleurs ? C'est celle d'un homme qui, en dépit d'un pouvoir qu'on imagine volontiers pratique, voire décisif dans le domaine sentimental ou professionnel se révèle un vrai perdant sur tous ces plans.
On suit, aussi bien à l'aide de récits qui s'ancrent dans le présent que de nombreux flashbacks, les mésaventures à la fois drôles, touchantes, pathétiques de Selig. Et au travers de cette histoire singulière, c'est un portrait sans concession que Silverberg nous brosse des États-Unis des années 50 à 70.
A bien y regarder, ce que nous propose l'auteur n'aurait certes pas été désavoué par les grands auteurs classiques américains du début du vingtième siècle. On pense à Steinbeck, Fante, Burroughs, Kerouac...  Et Silverberg n'a pas à rougir de la comparaison. Alors, bien sûr, certains esprits chagrins m'objecteront que, définitivement, ce n'est pas vraiment de la science-fiction. Ce n'est pas faux. Mais ça l'est assez pour intéresser l'amateur du genre et pas suffisamment pour rebuter les autres. 
Un roman consensuel, donc, et fort bien écrit. Une curiosité.

Très bon. 

6 commentaires:

  1. Bonjour l'ami !

    Je partage ton opinion sur la qualité de cet ouvrage, très touchant, qui n'est au final qu'une parabole sur la vieillesse, n'est-ce pas ?

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    1. J'avoue n'avoir pas vraiment vu ça comme ça mais, à la réflexion, la perte progressive de son pouvoir par Selig peut s'apparenter à la dégradation des sens chez les personnes âgées.

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  2. Il va quand même falloir que je me replonge dans cette lecture ! Ton avis, toujours aussi circonstancié, me fait regretter mon "abandon" ... ;-)

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    1. Encore une fois, je comprends très bien que tu aies abandonné et je ne te recommande pas de t'obstiner. En revanche, si tu tiens à réessayer, aborde-le comme un roman de littérature classique. Comme un portrait de l'Amérique du troisième quart du siècle dernier.

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  3. J'en garde un bon souvenir. Je crois que je l'ai recommandé à ma maman justement parce qu'il ne faisait pas trop SF.

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